7  A  propos  du texte de Jean Barbier

 

 

Jean Barbier, prêtre et écrivain bas-navarrais, a écrit en 1895 un témoignage plein d'humanité sur les Bohémiens d'Antxitxarburu, « Antxitxarburu-ko buhamiak » visités quelques années auparavant par Victor  De Rochas. Il compare ce quartier à une fourmilière, avec une multitude d'enfants se jetant sur le visiteur pour demander l'aumône. Cette communauté de Bohémiens habiterait là  depuis longtemps : les grands-parents de ses grands-parents l'auraient connue au même endroit. Mais de leur temps, d'après lui, les gens les haïssaient et les chassaient à coups de pierres et de bâtons comme des voleurs. Cette haine se serait peu à peu atténuée et l'auteur propose deux explications : soit les Bohémiens  respectent aujourd'hui les poulaillers et les bergeries, soit les « Garaztar » (habitants du canton de Saint-Jean-Pied-de-Port) ont compris que ces hommes et ces femmes à la peau brune sont des enfants de Dieu, malgré leurs coutumes étranges. Quelques vieux seulement parlent encore leur langue. Jean Barbier évoque l'existence d'un Roi et d'une Reine, fonction qui aurait disparu au fil de l'intégration des Bohémiens dans la communauté basque. Il  décrit ensuite leur physique, avec leur teint mat, leur résistance aux intempéries et leur aisance à nager. Puis souligne le mode de vie itinérant entre la Soule et la Basse-Navarre de la plupart d'entre eux, et énumère plusieurs de leurs métiers : pêcheurs, maçons, employés de maisons, journaliers, laboureurs, tailleurs de haies, jardiniers, faucheurs de blé, vendangeurs, tondeurs, rempailleurs, vanniers, maquignons. Quelques-uns sont agriculteurs, souvent métayers, métier qui selon Jean Barbier contribue à leur intégration. D'autres, hommes ou femmes, sont contrebandiers. Enfin, la mendicité des enfants et des jeunes mères est une grande source de revenus. L'écrivain basque décrit  les jours de fêtes des Bohémiens, consistant en des tournées de quête de toute la communauté le premier de l'an, puis en période de carnaval.